Hommage Guilhot

Jérémie Guilhot

1980-2025

Nous avons eu l’immense tristesse d’apprendre le décès soudain de notre collègue Jérémie Guilhot Maître de Conférences à l’Institut Denis Poisson Tours le 27 juillet 2025. Ce décès est intervenu sur son lieu de vacances suite à un problème de santé alors qu’il était parti courir.

Jérémie est né en 1980 et a soutenu sa thèse « Kazhdan-Lusztig cells in affine Weyl groups with unequal parameters » en 2008 sous la direction de M. Geck entre Lyon et Aberdeen. Il a ensuite effectué plusieurs contrats post-doctoraux à Sydney puis à Norwich avant de rejoindre l’Université de Tours en 2011.

Sa thématique de recherche était centrée sur l’étude des groupes de Coxeter, des algèbres de Hecke et sur la théorie de Kazhdan Lusztig où il a obtenu des résultats très significatifs. En particulier, il avait récemment prouvé, en collaboration avec James Parkinson de l’Université de Sydney, les conjectures P1-P15 de Lusztig pour les algèbres de Hecke affines de rang 2 en paramètres inégaux. Un autre aspect important de ses recherches concernait la combinatoire des systèmes de racines et ses applications en théorie de Lie ou dans l’étude de certaines marches aléatoires.

Comme s’en souviendront très certainement tous ceux qui l’ont rencontré, Jérémie avait une personnalité originale et fédératrice. En plus de ses grandes qualités scientifiques, ses capacités d’organisation mais aussi sa facilité à créer de la convivialité là où il était faisaient de Jérémie un membre précieux et très apprécié de notre Institut.

Sa disparition laisse désemparés les nombreux amis qu’il s’était constitué dans notre communauté. Son humour, son énergie et sa gentillesse vont nous manquer terriblement.


We learned with great saddness the sudden death of our colleague Jérémie Guilhot, Lecturer at the Denis Poisson Tours Institute on July the 27th 2025. This death occurred at his vacation spot while he was out running.

Jérémie was born in 1980 and defended his thesis « Kazhdan-Lusztig cells in affine Weyl groups with unequal parameters » in 2008 under the supervision of M. Geck between Lyon and Aberdeen. He then carried out several post-doctoral contracts in Sydney then in Norwich before joining the University of Tours in 2011.

His research theme was centered on the study of Coxeter groups, Hecke algebras and on the theory of Kazhdan Lusztig where he obtained very significant results. In particular, he had recently proven, in collaboration with James Parkinson of the University of Sydney, Lusztig’s P1-P15 conjectures for affine Hecke algebras of rank 2 in unequal parameters. Another important aspect of his research concerned the combinatorics of root systems and its applications in Lie theory or in the study of certain random walks.

As everyone who met him will certainly remember, Jérémie had an original and unifying personality. In addition to his great scientific qualities, his organizational skills but also his ability to create conviviality wherever he was made Jérémie a valuable and highly appreciated member of our Institute.

His disappearance leaves the many friends he made in our community distraught. We will miss his humor, his energy and his kindness terribly.


 

Ci-dessous nous reproduisons l’hommage rendu à Jérémie lors de ses obsèques par Cédric Lecouvey au nom des collègues de toute l’Institut Denis Poisson.

Pour Jérémie

Le 27 juillet dernier, Jérémie tu nous a quittés en laissant dans nos vies à tous une brisure bien difficile à surmonter. Ta personnalité rayonnante et chaleureuse te valait beaucoup d’amis, dans tous les milieux et notamment dans celui des mathématiques où tu tenais une place à part, originale et fédératrice. À travers le texte qui suit, nous avons essayé de te rendre un hommage sincère et simple, qui te ressemble, en espérant que tu aurais trouvé son portrait fidèle.

Chacun de tes amis se souvient certainement de sa première rencontre avec toi. C’est que sans vouloir te mettre en avant, tu parvenais toujours et avec une facilité déconcertante à créer, là où tu étais, une atmosphère de confiance et de convivialité. Cela tenait en grande partie à ton humour, ton sens de la légèreté et à ta capacité d’autodérision. Très vite, tu fédérais un petit noyau de personnes qui répondait à tes nombreuses initiatives et propositions d’événements qui auraient sans doute été jugées incongrues suggérées par quelqu’un d’autre. On pourrait penser qu’organiser avec succès, pendant des conférences internationales sérieuses ou dans son laboratoire de recherche à l’université, des tournois de pétanque, de foot, des sessions dans des pubs ou des quiz improbables (avec des participants loin d’être tous très extravertis) relève de l’impossible. C’est pourtant ce que tu parvenais à faire. Cela t’amusait beaucoup et t’assurait une reconnaissance ainsi qu’une popularité parmi tes collègues les plus ouverts. Tu ne se souciais pas de ce qu’en pensaient les autres, les plus grincheux, pas plus d’ailleurs que de ton image auprès d’eux.

Mais ces anecdotes ne font qu’atteindre la surface de ce tu étais. Ton humour et une apparente légèreté étaient ta façon à toi d’être heureux en rendant heureux les autres autour de toi. Tu savais bien que vivre est difficile et que, sans cette fraternité que tu mettais tant d’énergie à entretenir, nous sommes seuls et désarmés. Cette finesse, que tu déguisais souvent par pudeur en l’apparence de son contraire, devenait très visible lorsqu’un de tes amis traversait une période difficile, par de petites attentions discrètes qui montraient ta préoccupation et ton attachement.

Ton humanité transparaissait aussi dans tes interactions avec les autres à travers une profonde bienveillance, même parfois un peu bougonne. À tous ceux qui, à un moment ou un autre, devaient dépendre de toi, tu témoignais une compréhension bien plus guidée par leur intérêt que par des conceptions trop rigides, un quelconque égoïsme ou une volonté d’impressionner. Tu affichais d’ailleurs résolument une grande modestie lorsqu’il s’agissait de tes travaux scientifiques pourtant très reconnus dans la communauté mathématique. Ce n’est pas tant que tu en minimisais la portée, mais rentrer dans une logique d’auto-promotion et de compétition permanente avec les autres était totalement étranger à ta nature.

En fait ton influence sur la vie scientifique de tes amis et collègues était bien plus considérable que tu ne l’imaginais sans doute. Le climat de simplicité et de confiance que tu savais construire autour de toi aura aidé de nombreux jeunes en thèse ou en post-doc à s’insérer dans un milieu scientifique souvent austère. Quant à tes amis mathématiciens, ils te sont redevables au-delà de ce que ces mots peuvent exprimer.

Avec légèreté et sans peser sur la vie des autres, tu incarnais au fil des jours les valeurs de décence, de solidarité et du travail bien fait. C’est une grande chance de t’avoir eu pour ami à nos côtés toutes ces années. Même si ta disparition brutale nous laisse désemparés, tous les souvenirs des bons moments passés avec toi, toutes les valeurs positives que tu auras portées, elles demeurent et vivent en nous. Le meilleur hommage sans doute à te rendre est de les porter, de les transmettre à notre tour avec le courage, la constance, la fidélité et la modestie dont tu as su faire preuve.


 

Ci-dessous nous reproduisons l’hommage de la FSU – Section de Tours

En plein milieu de l’été et des vacances universitaires notre collègues Jérémie Guilhot, maître de conférences de ma thématiques de 45 ans, est mort brutalement. Il avait rejoint notre université il y a une dizaine d’années, il portait une culture mathématique vaste enrichie de séjours à l’étranger et une culture « footballistique » toute stéphanoise et savait les partager. Nombreux d’entre nous l’avons aussi croisé, souvent le vélo à la main, dans les manifestations de ces dernières années pour défendre les retraites. Il avait tout naturellement trouvé sa place sur les listes du collectif LUE, dont le SNESUP est un élément majeur, lors des dernières élections de 2024 pour les conseils centraux. Il avait été élu à la commission recherche. Il manque à sa compagne et à ses deux jeunes enfants auxquels nous pensons avec émotion.


 

Les collègues de l’Université de Sydney lui rendent aussi hommage sur leur site.